Opinions - 14.04.2020

Samir Gharbi: L’utilité commune

Samir Gharbi: L’utilité commune

Hier, le président français a surpris son monde. Il a dit, en 27 mn, ce qu’on aimerait que nos dirigeants nous disent, des mots clairs, directs, sans fioritures…
Il a repris une phrase importante, la plus importante, parce qu’elle fait partie de la «Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789», laquelle a été reprise dans son esprit en 1948 par les Nations unies et approuvée par les 192 pays membres mais plus ou moins bien appliquées… La déclaration «universelle» a été traduite en plus de 500 langues… afin d’être comprise et vulgarisée par et pour tous.

Macron a dit: «Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.»

En 1789, par «l’utilité commune», la France abolissait les classes sociales et les privilèges acquis de naissance ou après.

Mise dans le contexte de son discours et de la crise sanitaire, cette notion «d’utilité commune» surgit en pleine figure : l’élite politique dirigeante prend soudainement conscience des inégalités sociales et des injustices salariales, de ces métiers moins considérés, moins rémunérés. Macron pensait à celles et ceux qui sont astreints de travailler pendant le confinement au risque de leur vie : soignants, enseignants, paysans et ouvriers qui produisent l’alimentation humaine, routiers, éboueurs, petits transporteurs payés à la course…

«Utilité commune», cette expression renvoie aussi à tous les métiers qui concourent au «bien commun», et qui forment les services publics: santé, éducation, transports, poste… Des services négligés depuis que l’élite politique – partout dans ce monde – s’est adonnée corps et âme à la «main invisible» du marché, je veux dire au capitalisme pur et dur, fagocité par la « libéralisation intégrale » des mouvements des capitaux : on investit là où la main d’œuvre exploitable est la plus abondante et la moins chère ; on bouge les capitaux dès que les rendements baissent d’un iota et on transfert les profits là où la fiscalité est la plus douce; on licencie les ouvriers les moins dociles ici pour en embaucher de plus dociles ailleurs…

Cette face hideuse, qui ne se cachait même plus, d’un capitalisme devenu moralement abject, sera, à l’issue de cette crise sanitaire, remise en question, d’une façon ou d’une autre, au profit d’une autre face, 100 % humaine d’un développement respectueux de l’environnement, respectueux de la faune et de la flore, conforme à l’idéal d’une vie saine, équilibrée.

Finie la course effrénée à la croissance de la richesse matérielle (focalisée sur le PIB, produit intérieur brut), fini le partage des tâches à l’échelle mondiale dont les défauts apparaissent au grand jour: Les pays de l’Occident et ceux du Tiers Monde découvrent qu’ils sont devenus, subrepticement, depuis 30 ou 40 ans, tributaires d’un seul pays, la Chine, pour la plupart de leurs besoins vitaux… Uniquement parce que la Chine avait la capacité de produire « en masse» et «moins chers que tous», au détriment de la société chinoise embrigadée depuis 1949 par le même parti communiste omnipotent.

La France, qui a donné l’exemple en 1789, voit s’offrir en 2020, l’occasion de se «réinventer à nouveau», parole de Macron. Pour les Français, cette promesse n’est pas passée dans l’oreille d’un sourd. Idem pour les autres dirigeants du monde qui doivent en prendre de la graine. «A bon entendeur, salut!»

Samir Gharbi
 

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