News - 06.04.2020

Bilel Sahnoun: 2030, les tunisiens commémorent le 10ème anniversaire de leur victoire contre le virus Covid-19

Bilel Sahnoun: 2030, les tunisiens commémorent le 10ème anniversaire de leur victoire contre le virus Covid-19

Bilan d’une belle décennie

C’était en Mai 2020, l’OMS venait d’annoncer la fin de la propagation de la pandémie, et tous les pays se sont mis à limiter les dégâts, remettre toutes les entreprises et les institutions au travail en plein régime, et repenser chacun son propre modèle de relance, oubliant tout ce qui peut être en rapport avec la mondialisation dévastatrice et désormais bannie.

Toutes proportions gardées, la Tunisie a gagné haut la main la guerre contre le Coronavirus, malgré les moyens très limités dont nous disposions, d’autant plus qu’on sortait déjà affaibli d’une décennie de transition politique avec des indicateurs économiques et sociaux alarmants.

Cette performance inattendue de ce petit pays, sans ressources exceptionnelles hormis le génie de ses enfants, nous la devions à un élan de civisme et de solidarité autour des filières de la santé, de la sécurité, et du social.

Comme moi, vous vous souvenez tous de cette période de confinement que nous supportions très mal, mais qui nous a permis de repenser ensemble à un nouveau modèle social nous immunisant contre une nouvelle guerre qui peut nous être imposée par l’homme ou par la nature.

La «mobilité réduite» que nous subissions du fait du confinement général nous a amené une nouvelle dynamique de proximité dans nos quartiers. La distanciation sociale a rétabli l’ordre des valeurs de l’humanité.

Les centres culturels et sportifs ont été construits par les municipalités à raison d’un centre pour 1000 habitants.

Des habitants habitués au télétravail, accompagnés par leurs enfants qui optent de plus en plus pour l’enseignement à distance via des plateformes e-learning promus gratuitement par le service public.

La combinaison du télétravail avec le e-learning a permis de dégager au moins :

Une heure par jour aux parents et enfants qu’ils passaient dans les embouteillages et qu’ils dédient au sport et aux activités culturelles
La moitié des espaces administratifs, énergivores et coûteux en maintenance, libérés alors qu’ils n’étaient utilisés que (au plus) 40 heures par semaine, soit un taux d’occupation d’à peine 24%
Réduction des transports et de la facture énergétique qui a été divisé par deux

Cette nouvelle organisation n’aurait pas pu se mettre en place n’eut été une politique de digitalisation de tous les services et développement d’une panoplie de nouveaux métiers de proximité, au service de tous les âges, englobant surtout les services à domicilie et permettant ainsi une montée rapide du commerce électronique, de réussir le décashing, de réduire le poids du marché informel, et de traquer facilement les évadés fiscaux, les corrompus et les corrupteurs.

La Banque Postale a été le principal acteur de cette inclusion financière et la bancarisation de toute la population, suivie par une transformation de fond dans les business modèle des banques classiques, dont le nombre a été réduit à 10, permettant ainsi de rattraper les retards dans l’émergence de champions régionaux.

Pour le e-learning, l’Etat s’est appuyé sur le know-how et le succès de l’UVT (Université Virtuelle de Tunis), associée à des start-ups tunisiennes, pour généraliser ce savoir-faire tunisien à toutes les filières dans toutes les régions, mais également à l’export, permettant ainsi à l’UVT de se classer en tête de peloton des universités africaines.

La généralisation du e-learning a également résolu le problème de la capacité d’accueil des classes pour un même enseignant.
Du coup, les effectifs des filières les plus demandées, et à fort potentiel d’employabilité, ont été décuplés et nos universités ont cessé de diplômer des chômeurs.

Des outils d’Intelligence Artificielle ont permis de personnaliser la gestion, le suivi, le contrôle, et l’évaluation de l’apprenant pour préserver la qualité et la renommée de nos diplômes.

Pendant la période du confinement obligatoire, certains hôtels ont été improvisés en centres de soins conjoncturels. L’Etat a fait évoluer cette idée en puisant dans le portefeuille des créances carbonisées des banques, bien garni d’hôtels qui ne répondent plus aux besoins touristiques et qui ne trouvent pas de repreneurs, et en les transformant soit en hôpitaux spécialisés, soit en universités thématiques. La Tunisie a retrouvé ainsi sa place de choix de destination des touristes de santé et d’étudiants venus des 4 coins du monde.

Le coronavirus n’a pas manqué de mettre en relief les risques de la dépendance des pays, les uns vis-à-vis des autres.

A commencer par l’autosuffisance alimentaire. L’Etat a très vite saisi l’occasion pour mettre en place un programme de politique publique pour les centaines de milliers d’hectares de terres domaniales, absorbant au passage une bonne partie des 700.000 chômeurs de l’époque.

La productivité de ces terres a quintuplé. Le Tunisie a consolidé ses positions de producteur historique et incontournable de dattes et de l’huile d’olive embouteillée sous des marques tunisiennes mondialement reconnues.

Grâce aux travaux de recherches de nos agronomes, une nouvelle carte agricole a été mise en place, avec le développement de notre propre banque de semences, compatibles avec notre environnement, et faiblement consommatrice d’eau d’irrigation.

Ces travaux de recherche ont donné naissance à une nouvelle génération d’agriculteurs adossés à des laboratoires pharmaceutiques, leur produisant des plantes médicinales et aromatiques, nécessaires aux molécules les plus prisées dans la fabrication de nos médicaments et nos vaccins.

Grâce à ce programme et à la volonté des autorités de n’autoriser que l’Agriculture Responsable, la Tunisie est en passe de devenir un « Pays Bio ».
La crise du Covid-19 a montré les risques de concentration géographique des sources d’approvisionnement ou de production. L’arrêt de la production des usines chinoises et la mise en quarantaine de toutes les chaînes logistiques ont mis à l’arrêt plusieurs pays.

Il n’y a pas que le trou de la couche d’ozone qui en a profité en se rétrécissant, nous aussi, tunisiens, avons profité. Nous nous sommes imposés dans l’échiquier de la re-délocalisation dans plusieurs secteurs d’activité, mettant en exergue notre capital humain et notre position géographique au barycentre de deux milliards de consommateurs.

Notre chaîne logistique de proximité euro-africaine s’est bien adaptée, après avoir abandonné le projet de port en eaux profondes, et mis à niveau nos ports de Bizerte, Rades, Sousse, Sfax et Zarzis.

Les investisseurs étrangers ont opté massivement pour notre pays, non seulement pour notre capacité à avoir mieux vaincu le virus que d’autres pays réputés bien plus développés, mais également pour une série de mesures législatives, fiscales et de change, qui accablaient auparavant le climat des affaires.

Tunis Financial Harbour a pu canaliser une bonne partie des trillions de dollars qui ont fui les marchés financiers émergents, nous plaçant ainsi comme deuxième place financière africaine derrière Johannesburg. 

Cette belle victoire, nous la dédions également à nos entreprises qui non seulement ont su préserver tous les emplois, mais qui ont contribué à hauteur de 1,5 milliard de dinars dans la gestion de la crise sanitaire et sociale.

Cet élan national a été très vite, et largement, soutenu par les bailleurs de fonds internationaux qui ont mobilisé pour nous 25 milliards de dollars (1% des 2,5 trillion de dollars d’aides alloués aux économies émergentes).

La bonne gestion de la pandémie et des ressources collectées, a été couplée à un renforcement du rôle de l’Etat régulateur, contrôleur et facilitateur, abandonnant aux privés la fonction production, qu’il n’a jamais su bien exécuter.

Les partenaires sociaux, les syndicats, ont joué un rôle crucial dans l’efficience de tous les outils de production. Ils ont très vite opté pour un modèle allemand, laissant de côté les revendications sans contrepartie, et bravant la performance et l’intérêt général. Leur nouveau slogan est devenu: «L’emploi avant l’employé». L’actionnariat salarié obtenu dans les anciennes Entreprises Publiques a été un facteur d’épargne, de sauvetage, et d’instauration de ce nouvel état d’esprit.

Mesurant les bienfaits de cette mutation, les syndicats n’ont pas tardé à réclamer un nouveau code du travail intégrant les nouvelles technologies, le télétravail, et la rémunération proportionnelle au travail effectif.

En conclusion, j’aurais remercié cette pandémie si elle n’a pas emporté avec elle plusieurs vies humaines, mais elle mérite d’être remerciée pour tout ce qu’elle nous a permis de faire.

Merci de nous avoir obligé à nous focaliser sur notre santé, notre éducation et notre sécurité. Les budgets alloués à l’innovation et à la recherche scientifique en sont témoins.

Merci pour le niveau de développement soutenu qui nous a permis d’atteindre un PIB de 300 milliards de dinars (9,6% de taux de croissance annuelle moyenne sur la décennie 2020-2030).

Merci pour avoir redonné gout aux tunisiens fiers de vivre en Tunisie, comme en témoigne un retour massif de nos compétences qui nous désertaient durant les années post-révolution de 2011.

Merci, enfin, pour l’émergence d’une nouvelle race de politiques, soucieux de la RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations), qui dominent maintenant l’ARP, et qui légifèrent exclusivement pour préserver les intérêts des générations futures.

Bilel Sahnoun
 

P.S. C’était mon rêve de ce weekend!
«Fait de ta vie un rêve, et d’un rêve une réalité» Antoine de Saint-Exupéry

 

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