News - 05.03.2020

Moez El Mehdi Mahmoudi, ambassadeur de Tunisie en Suède: Tunisie-Suède, entre souvenirs et avenir (Vidéos)

Moez El Mehdi Mahmoudi,Ambassadeur de Tunisie en Suède : Tunisie-Suède, entre souvenirs et avenir

Stockholm – De l’envoyé spécial de Leaders, Fatma Hentati. Fin diplomate qui a servi dans de grandes ambassades de Tunisie à l’étranger, notamment à Washington D.C., l’ambassadeur Moez El Mehdi Mahmoudi met pleinement à profit la nouvelle synergie récemment imprimée aux relations entre la Tunisie et la Suède. Et s’emploie intensivement à les développer dans différents secteurs. Dans un entretien accordé à l’envoyée spéciale de Leaders à Stockholm, il retrace les origines d’une longue amitié, dresse un bilan de la coopération actuelle et esquisse les perspectives d’avenir. Un récit attractif:

Pour mieux saisir les liens diplomatiques entre la Tunisie et la Suède, il faut remonter au début du 18e siècle. C’est en 1736 que le premier traité de paix et de commerce a été signé entre la Régence, en la personne d’Ali Bacha, et la Couronne de Suède, représentée par Fredrik Premier. Immédiatement après l’indépendance de la Tunisie en 1956, la Suède a été l’un des premiers pays à soutenir le jeune Etat. Suivie en 1963 par l’historique visite d’Etat de Bourguiba en Suède pour raffermir ces liens privilégiés entre lesdeux pays. Suite à cette visite, la Suède s’est engagée dans l’aide au développement de la Tunisie, en appuyant des projets d’infrastructures, notamment avec la création d’une école de pêche et un port dans la ville de Kélibia ainsi que la construction d’un hôpital, qui était le premier noyau du planning familial mis en place par Bourguiba.

En 2011, la Suède a encore une fois témoigné de son grand soutien à la Tunisie après la révolution du Jasmin. Le vrai redèmarrage des relations diplomatiques était en 2015 suite à la visite historique de feu Caïd Essbesi à Stockholm. Une nouvelle coopération avec la Suède a été amorcée, traitant principalement de la bonne gouvernance, des droits de l’Homme, de la réforme de la justice, de la réforme administrative en général, de l’égalité des genres, des droits des femmes. Nous avons acquis avec la Suède le statut de partenaire à temps plein.

Ce partenariat se traduit par une collaboration bilatérale entre la Tunisie et la Suède. Nous sommes en train de passer à la partie sud-ouest pour leur expliquer qu’il faut améliorer et diversifier cette coopération.

Les grands projets que nous avons déjà entamés sont la décentralisation, les échanges universitaires et le travail de fond sur l’égalité du genre (Gender Equality) en Tunisie.

Décentralisation

Le premier grand projet sur lequel nous travaillons en ce moment est la décentralisation. Un accord est en cours d’application entre la Fédération nationale des villes tunisiennes qui travaille avec son homologue suédoise SKL sur la décentralisation générale et la gestion de la décentralisation à différents niveaux: cela inclut le niveau central gouvernemental jusqu’à la gestion des municipalités.

Ce programme a été entamé il y a cinq ans. Il a été renouvelé l’année dernière pour cinq années et c’est un apport extraordinaire pour les municipalités tunisiennes et même pour le gouvernement. On reçoit des délégations qui visitent les municipalités et les différentes structures chargées de la gestion, et ce pour réduire le fossé qui existe entre les régions et promouvoir le développement équitable sur tout le territoire tunisien.

«Nous travaillons maintenant à recalibrer cette coopération par le soutien à la démocratisation. Il s’agit d’aller vers d’autres mécanismes et visions tout en misant sur la transition démocratique ainsi que la consolidation de la bonne démocratie. On parle essentiellement de la coopération économique, des échanges économiques. Qui dit échanges économiques, dit échanges commerciaux et investissements.

Université et recherche

Le deuxième volet sur lequel nous travaillons très sérieusement concerne les échanges universitaires

Le domaine de la recherche ici est très développé, extrêmement développé. Il y a de très grandes universités de niveau international et mondial, comme une partie de l’université d’Uppsala, l’Institue Karolinska ici en médecine, etc. Et les routes de réputation internationale qui peuvent vraiment servir d’exemple et de partenaire aux structures tunisiennes.

Ce projet est encore à l’état embryonnaire et nous comptons mener cette «fécondation» à terme.  Nous avons un accord interuniversitaire entre Tunis et l’Université d’Uppsala. Cet échange universitaire, bien qu’il soit pour le moment juste d’un seul côté, on ambitionne de le développer et d’y inclure les enseignants et les professeurs universitaires, chercheurs en général.

Forum Egalité des genres

Nous avons organisé un forum de l’égalité des genres à Tunis en avril dernier, qui est la continuité du forum «Stockholm Forum of Gender Equality». En fait, c’est une initiative suédoise avec un nouveau format où on a choisi de retoquer les conférences classiques contre des ateliers (workshop) qui impliquent tous des intervenants de la société civile et des officiels. Les Nations unies viennent justement d’adopter ce format-là pour lancer une nouvelle initiative dont la Tunisie fera partie avec la Suède. Et les Suédois ne tarissent pas d’éloges sur les acquis que la Tunisie a réalisés dans le domaine de l’égalité des genres.

Un pays de foires et salons

Les Suédois organisent plusieurs foires tous les ans. C’est pourquoi nous avons établi une collaboration avec le Cepex pour pouvoir participer aux foires qui sont organisées ici en Suède et qui souvent sont des foires de grande envergure au niveau nordique, puisque la Suède est considérée comme la grande sœur des pays scandinaves.

De grands projets

En Suède, on parle beaucoup de technologies de l’information, on parle d’industries,  d’énergies renouvelables et de tout ce qui a trait à l’environnement. C’est un pays qui est à la pointe des technologies et rivalise avec les plus grands de ce monde. Nous avons beaucoup à apprendre de ce pays.
Cela étant dit, nous avons constaté que pour le secteur des IT, la Suède sous-traite souvent en Inde. Hors la Tunisie offre bien plus d’avantages pour ces entreprises : même fuseau horaire, compétences formées dans les meilleures universités dans le monde… Nous avons invité le représentant de la Fipa pour venir présenter le secteur des technologies de l’information en Tunisie et le potentiel que nous avons.

Ce projet a d’abord intéressé les Danois et nous essayons de faire la même chose en Suède. On est en train d’envisager la visite d’une délégation représentative, surtout avec des secteurs ciblés comme les technologies de l’information, l’innovation en général, pour qu’il y ait une interaction directe entre les deux parties.

Et les échanges à ce niveau-là sont tout à fait possibles et j’ai eu des contacts avec l’équivalent de ce qu’on peut appeler un incubateur de startup. Mais l’infrastructure qui existe en Suède est très développée et il y a vraiment des opportunités que la partie tunisienne devrait saisir pour justement s’inspirer de ce modèle et essayer d’interagir, parce qu’il y a même des possibilités de partenariat.

Tourisme

Au-delà du commerce, il y a aussi le tourisme. Ce secteur a connu une baisse vertigineuse du nombre de touristes scandinaves en général, mais surtout des Suédois, suite aux attentats qui ont eu lieu en 2015. Les attaques terroristes, qui ont complètement fermé la Tunisie en tant que destination, ont disparu de tout le marché touristique suédois. L’une des premières décisions qu’on a prises après ma prise de fonction ici à l’ambassade, c’était de convaincre le gouvernement suédois de réviser le niveau d’alerte concernant la Tunisie, et qui était quand même devenu obsolète.

On a réussi à convaincre, à réviser et à l’améliorer. On a mentionné les efforts qui avaient été entrepris et la sécurisation des sites touristiques. Et ils ont été réceptifs à cette demande et ils ont baissé le niveau d’alerte à partir de 2017-2018. Les choses ont alors recommencé à s’améliorer. Les tour-opérateurs ont commencé à programmer la Tunisie et maintenant ça reprend. Le tourisme golfique reprend aussi, surtout que les Suédois sont de grands adeptes du golf.

Ce que nous devons améliorer

Le marché suédois reste un marché difficile à aborder. Il y a tout à entreprendre et donc il faut convaincre les opérateurs pour venir participer. Notre objectif principal aujourd’hui est d’essayer de les sensibiliser à l’importance du marché et sur le fait qu’il y a vraiment une place à prendre.

Le deuxième problème auquel nous faisons face et qui ne touche pas seulement le commerce, mais toute la coopération avec la Suède, c’est l’absence de lignes aériennes directes. Sans vols, sans connexion, on ne peut prétendre à un développement important de la coopération entre les deux pays.

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1 Commentaire
Les Commentaires
JIHED GASMI - 05-03-2020 13:54

Pas en relation avec le sujet mais l'expression "le premier traité de paix et de commerce a été signé entre la Régence de Carthage, en la personne d’Ali Bacha" me frappe ! Depuis quand la terre d'Ifriqiya s'appelait "régence de Carthage" ? On dirait que vous descendez directement d'Hannibal ! Plus carthaginois que les carthaginois,originairement,des phéniciens,cad des libanais ! La seule régence que je connais c'est celle du livre "la Régente de carthage"

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