Opinions - 02.03.2020

Samir Hamza: Il est temps d’innover et de rénover l'enseignement supérieur

Samir Hamza: Il est temps d’innover et de rénover l'enseignement supérieur

Évolution des rôles d’enseignant

Dans un système universitaire basé en grande partie sur la compétition et les notes, il est important que les étudiants préservent un intérêt pour l'enseignement. Le rôle de l'enseignant n’est pas seulement d’enseigner mais surtout de faire apprendre.

L’enseignant est en principe intellectuellement sécurisant. C’est à lui qu’on peut faire appel à tout moment. C’est qu’avec lui qu’on communique. C’est lui qu’on sollicite quand on est confronté à une difficulté. S’il évite les actes inconvenants, le langage autoritaire, les attitudes inhibitives et bloquantes, il mettra ses apprenants en confiance, établira avec eux des échanges constants, un dialogue permanent et constructif, instaurera un cadre structurel, d’aide, et de compréhension favorable au partage des problèmes, et à leur résolution, créera chez eux un désir constant de dépassement et incitera à la réflexion, à la recherche et à l’innovation technologique. Toutes ces attitudes encourageantes et incitatrices conduisent l’apprenant à prendre conscience de sa pensée et de sa vérité, à les communiquer et, réciproquement, à comprendre celles des autres. Elles affirment, par ailleurs, chez l’enseignant la continuité d’un départ personnel et contribuent à la structuration de son enseignement, de son évolution et de son enrichissement. Elles confirment également son rôle essentiel qui est surtout d’assister l’apprenant dans la construction de son savoir, tâche que personne ne peut accomplir à sa place.

Dans l'acte pédagogue, les dimensions relationnelles et émotionnelles restent primordiales, mais dans cette optique, elles ne sont plus les seules conditions de l’apprentissage et peuvent en être les conséquences. Le relationnel et le cognitif entrent ainsi dans un jeu incessant d’interaction: l’un influe l’autre, l’un retentit sur l’autre. Cependant toute attitude de l’enseignant a un impact évident sur l’enseigné (Je me réfère aux conférences présentées par le feu Mohamed Ameur Ismail).

Pour certains, ces valeurs sont acquises, tandis que pour d’autres, elles s’intègrent progressivement à la personne. D’une façon ou d’une autre, il y a développement.

L’analyse des besoins, une étape importante

Toute phase d’identification des besoins de formation doit précéder sa conception et sa planification. Elle doit se faire à partir d’une évaluation diagnostique simplifiée qui met en œuvre des prétests de prérequis ou des capacités permettant la collecte d’informations relatives aux profils, aux caractéristiques des apprenants, ainsi que le repérage des résultats attendus ou des objectifs espérés (mission de nos cellules qualités au sein des écoles d’ingénieurs, des facultés, des instituts, …).

L’analyse des besoins requiert des capacités spécifiques, des procédures et des actions à réaliser. Pour cela, il faut prouver que toutes les dispositions sont prises, que toutes les éventualités sont envisagées et que tous les imprévus sont anticipés pour avoir confiance dans sa capacité à satisfaire régulièrement les besoins de ses étudiants : essayer de répondre à leurs attentes et  d’établir une norme guide qui donne des recommandations permettant la construction d’un plan de formation cohérent et actif.

Il n’est peut-être pas surprenant qu’aujourd’hui le discours pour une grande part s’inspire de la thèse selon laquelle la recherche scientifique et l’enseignement supérieur sont des activités qui ne sont pas seulement distinctes mais qui sont incompatibles dans la vie professionnelle des universitaires et contribuent au développement du monde socio-économique. La valorisation des résultats de recherche, fait plus que jamais l’objet d’attention soutenue de la part des organismes subventionnaires et des décideurs publics.

Opter pour un choix méthodologique permet aussi d’avoir une action inspirée et articulée. La pertinence et l’efficience de l’action pédagogique sont liées à cette possibilité de choisir une orientation de travail. L’action pourra ainsi être éclairée par des principes acceptés et devenir plus cohérente.

Innover et rénover l'enseignement supérieur

Innover et rénover l'enseignement supérieur, c'est au premier rang s'adonner à des activités dynamiques et formatrices et faire acquérir des savoirs et des savoir-faire qui constituent son programme (et non sa programmation). Un tel enseignement doit mettre au premier rang:

la technologie moderne dans son usage courant ou en cours de développement ;

comprendre les processus par lesquels les connaissances sont acquises ;

légitimer, valoriser et aligner les perspectives multiples ;

des formations porteuses pour le devenir de la société ;

participer aux programmes d’enseignement et de formation des Centres de Carrières et de Certification des Compétences (4C).

En effet, l’évolution rapide des technologies et par la même des modes de production exposent le monde, et, par conséquent, l’université, à l’impératif de compétitivité qui appelle constamment l’actualisation voire la modernisation des contenus de ses enseignements et la modification des qualifications et des compétences au vu des nouveaux emplois qui apparaissent et évoluent, qui changent et se complexifient.

La compétition est de plus en plus sévère et le rôle que peut jouer l’investissement dans le savoir dans le développement économique de tous les pays, et notamment ceux en voie de développement est déterminant. C’est pourquoi, on s’oriente, de plus en plus, vers la recherche en fournissant un immense effort d’innovation car rien n’est plus décisif que la culture méthodique de l’intelligence, que la conquête du savoir et son partage. On constate, d’ailleurs, que plusieurs institutions universitaires mettent en place des mécanismes pour inciter à la recherche-développement, valoriser ses résultats, les faire reconnaître, les commercialiser et les diffuser pour s’imposer sur le marché international. A ce titre, les universités, en tant que moteur de recherche, deviennent d’importants partenaires de développement de l’économie.

Que conclure?

Nous sommes confrontés aujourd'hui à une évolution rapide des technologies. Les universités doivent s'investir en vue d'innover et de rénover les outils d'apprentissage et de formation. L'accréditation des formations est devenue aujourd'hui un label nécessaire pour accéder à l'international afin d'établir des conventions et de valoriser nos formations diplômantes.
Cette évolution des technologies nous pousse à analyser les objectifs à atteindre et le savoir à acquérir, à déterminer les démarches et les stratégies à mettre en œuvre, et à choisir les manières d’exploiter les résultats et de les finaliser en vue d’une conceptualisation, voire d’une généralisation.

C’est pourquoi,  innover et rénover l'enseignement supérieur, est avant tout éviter la stéréotypie, les recettes restrictives et routinières pour s'adonner pleinement à un apprentissage globalement analytique et critique, à des activités dynamiques inspirées, améliorées et formatrices, et s'employer à faire progresser l'étudiant vers l'autonomie et la créativité et lui permettre de se réaliser professionnellement et socialement.
L'erreur chez les étudiants n'est pas une faute, elle est nécessaire, elle est intrinsèque au processus d'apprentissage. Il s'agit de passer d'une pensée commune à une pensée scientifique. Prendre conscience de la différence entre sa conception et une autre plus valide permet de mieux maîtriser cette conception scientifique qu'il faut se prendre.

Pr. Samir Hamza


 

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