News - 23.12.2019

Kais Daly : Bilan du secteur phosphatier Tunisien 1955-2010

Kais Daly : Bilan du secteur phosphatier Tunisien 1955-2010

Introduction

Le Phosphore est un élément chimique primordial. La principale source du Phosphore provient des Phosphates minéraux naturels.

Les usages du Phosphore sont :

85% pour l’agriculture (Engrais Phosphatés)

environ 15% pour les produits industriels (Détergents, Aliments de bétail, Alimentation humaine)

1% pour les pesticides et armes chimiques

Le Phosphore est considéré comme un produit Stratégique

La production des phosphates a démarré au 19ème siècle : en 1820, par la production de guano dans les iles du Pacifique, puis les os de bétail broyés (B.P.L) en 1840. L’extraction minière a démarré aux USA en 1870 en Caroline, suivie par la Floride en 1890. En Afrique du Nord, la production a démarré en 1899 en Tunisie, puis en 1921 au Maroc.

La production mondiale en 2014 était de 197 Millions de Tonnes, équivalents à 60 Millions de Tonnes de P2O5 (Nutriment). Le commerce mondial des Phosphates se répartit comme suit :

Phosphate Naturel (PR) : 29%
Acide Phosphorique (MGA) : 12%
Phosphate Di-ammoniaque (DAP) : 43%
Phosphate Mono-ammoniaque (MAP) : 11%
Phosphate Super Triple (TSP) : 5%

Le marché mondial est resté stable en termes de volume pour la période 2011 2014 (Très faible croissance économique Mondiale). Les prix sont fortement orientés à la baisse.\

Historique des phosphates en Tunisie

• L’héritage à l’Indépendance.

En 1955, la Tunisie Produisait environ 3 Millions de Tonnes de Phosphate Naturel (PR) et 300.000 Tonnes de Phosphate Super Triple (TSP). Il y avait 3 opérateurs dans la partie minière: la Compagnie des Phosphates et du Chemin de Fer de Gafsa (Capitaux Français), la Compagnie Tunisienne des Phosphates du Djebel M’dilla (Capitaux Belges), et la STEPHOS (Opérant à Kalaa Khasba). La SIAPE, filiale de la Compagnie de Gafsa, produisait du TSP à Sidi Mansour, Sfax.

Dans les mines, le niveau technique était très faible, avec une extraction essentiellement manuelle dans les mines du Sud. Le traitement consistait essentiellement dans du dépoussiérage à sec, énergivore et peut performant. A Kalaa Khasba, la situation était meilleure avec des mines plus mécanisées et le traitement par lavage.

Dans la chimie, la technologie était moderne, avec la mise au point d’un procédé adapté au Phosphate Tunisien, moins riche que ses principaux concurrent de Floride et du Maroc.

La structure des exportations des Phosphates était typique d’un pays colonial, avec 85% de matières premières (PR) et uniquement 15% sous forme d’un engrais non composé (TSP).

La part de la Tunisie dans la production mondiale de Phosphate Naturel était de l’ordre de 5%. Pour les engrais Phosphatés, elle était de moins que 1%.

• La nationalisation amiable et la concentration

En 1958, les actionnaires de la Compagnie de Gafsa ont proposé à l’Etat Tunisien de racheter la Société. En 1965, ce fut au tour de la Compagnie de M’dilla d’être rachetée, et en 1976, la STEPHOS. A partir de 1967, le chemin de fer est rattaché à la SNCFT, et les activités minières sont regroupées dans la Compagnie des Phosphates de Gafsa.

• La transition chaotique (1958 -1980)

La période qui suit est chaotique, l’apprentissage de la gestion du secteur et la tunisification prennent du temps ; la production nationale progresse de 2 millions de tonnes en 1956 à 3 millions de Tonnes en 1970. Mais la part de la Tunisie dans la Production mondiale régresse de 6.4 % en 1956 à 3.5 % en 1970. A titre de comparaison, pour la même période, le Maroc voit sa production doubler et sa part baisser uniquement de 16.5% à14%. La Tunisie ne tire pas profit de cette période de très forte croissance qui voit la Production mondiale de Phosphate passer de 32 Millions de tonnes en 1956 à 81 Million de tonnes en 1970.La part de la Tunisie reste autour de 3% jusqu’en 1980, le Maroc se situant à 13%.

C’est à cette époque qu’est prise la décision d’implanter l’usine suédoise (NPK) de TSP au centre ville de Sfax et de déverser le Phospho-gypse en mer, alors que l’usine SIAPE est implantée à 8 Km du centre ville, et bien que située en bord de mer, stocke son Phospho-gypse à terre sous forme de tabia. La même erreur sera répétée pour la plateforme de Gabes, décidée en 1968.

• Le pole Industriel de Gabès

Dans le contexte des années 60, la décision est prise de créer un pole de développement chimique à Gabès, avec un nouveau port industriel.

La précipitation fait opter pour le site de Ghannouch, proche du centre ville, enclavé entre les oasis, au lieu de Zarat, situé à 15 Km au sud de Gabès, éloigné de toute activité et également envisagé pour la création du nouveau port. Une première unité chimique, ICM 1 est démarrée en 1972 pour produire de l’acide phosphorique.

• Le Boom de 1974

Après la guerre du Kippour, les prix du pétrole explosent, suivis par les autres matières premières. Les prix du Phosphate quadruplent, passant de 7 US$ la tonne à 30 US$.Cette situation ouvre la porte à des plans de développement ambitieux :

- La CPG adopte un plan pour porter la production de 3.8 Millions de Tonnes en 1974 à 7 Millions de tonnes par an en 1980. Ce plan est très concret, basé sur l’ouverture de nouvelles mines (Sehib, Kef Schfaier), et la réalisation de 4 nouvelles laveries de Phosphate. Après de nombreuses vicissitudes, la production atteindra 6.6 Millions de tonnes en 1989

- La plateforme de Gabes voit se réaliser de nombreux projets, ICM2, ICM3 et SAEPA, dans le cadre de Joint-Ventures Tuniso-Arabes. La diversification du Product-Mix se poursuit avec la production de DAP. La capacité de transformation de Phosphate Brut est portée à 3.5 Million de tonnes, permettant une percée stratégique de la Tunisie sur le marché international des engrais.

• Les années 80

- De nouveaux pôles chimiques sont créés, à Gafsa (Mdilla) pour le TSP, et Skhirra pour l’acide Phosphorique, toujours dans le cadre de JV Tuniso-Arabes. A Gabes, une usine d’engrais azotés (Ammo-nitrate) est réalisée, permettant l’auto-suffisance de l’agriculture tunisienne et de l’industrie des explosifs civils pour les mines et carrières. Le secteur compte à présent 4 opérateurs : La SIAPE, ICM, SAEPA et ICG. Dans le cadre de ces développements, la SIAPE à son tour s’ouvre aux capitaux Koweitiens.

- Parallèlement, à Gabes, sont lancés des projets de diversification de l’Industrie chimique, utilisant les produits des usines d’engrais : ICF (Fluorure d’Aluminium), El Kimia (STPP pour les détergents). Ces sociétés sont aujourd’hui encore de taille mondiale et parfaitement compétitive. Seul le projet de Furfurol à Mahdia connaitra l’échec.

- La Compagnie des Phosphates de Gafsa vit deux périodes distinctes :
Le développement du Social de 1980 à 1985 (Logements pour le personnel, fortes hausses des salaires), et la restructuration à partir de 1986: conversion du souterrain vers le ciel ouvert, et réduction des effectifs par des opérations de préretraite.

- Le gisement de Sra-Ouertane connait une tentative infructueuse de mise en production, avec la création d’une société d’étude active entre 1980 et 1986.

• Les années 90

- Elles s’ouvrent avec la chute du mur de Berlin et le démembrement de l’Union Soviétique. La Russie, deuxième producteur mondial de Phosphates ex aequo avec le Maroc, se transforme, suite aux réformes libérales (Décuplement du prix intérieur des engrais), d’Importateur majeur de céréales et d’engrais phosphatés, en exportateur majeur hyper compétitif suite à l’effondrement du taux de change. Le marché mondial des engrais Phosphatés s’effondre (- 35%). La production mondiale de Phosphate régresse et les prix chutent considérablement (-40%).

- Dans ce contexte, les sociétés chimiques, sous capitalisées et sur endettées nécessitent une recapitalisation massive, que les partenaires arabes ne souhaitent pas suivre ; ils quittent donc le secteur en subissant de lourdes pertes. Une loi d’assainissement des sociétés chimiques est votée. Cela permet de les recapitaliser par la prise en charge de l’Etat du remboursement des échéances des crédits qu’il garantissait. Cette mesure sera suspendue dès 1998, suite à l’amélioration du marché international. La fusion des sociétés rendue possible donnera naissance en 1994 à un géant mondial des engrais phosphatés, le Groupe Chimique Tunisien.

- La restructuration de la CPG est poursuivie de façon extrême pour le contexte tunisien ; les effectifs atteignent 6000 agents en 2000, contre 14500 en 1985.

- La problématique environnementale commence à être prise en compte (Sommet de la Terre à Rio en 1992), avec la décision de fermeture de la NPK, les investissements de réduction des émissions gazeuses à Gabes, et le lancement des études de décharge terrestre de Phosphogypse à Gabes.

- Globalement, et suite à la mise en oeuvre par la Tunisie du P.A.S (Plan d’ajustement Structurel) et de tout le contexte et l’arsenal juridique qui l’accompagnent, le secteur voit son dynamisme s’essouffler, avec une gestion statique et peu de projets.

- En 1996, avec l’unification des Conseils d’administration, des directions commerciales et de la Direction Générale, l’intégration opérationnelle de CPG et GCT est réalisée. Elle donne au secteur une cohésion et une flexibilité optimales.

• Les années 2000

- Elles voient l’émergence de la Chine comme premier producteur mondial de phosphates et d’engrais phosphatés, ainsi que le déclin des USA relégués en deuxième position. Les USA chutent de 55 Million de Tonnes en 1990 à 30 Million de tonnes en 2010. Pour la même période, la chine passe de 20 million de tonnes de Phosphate Brut en 1990 à 80 Million de tonnes en 2010.Les excédents chinois sont exportés sous forme de Phosphate brut jusqu’en 2005, puis sous formes d’engrais phosphatés (TSP, DAP), dont la Chine devient, en 2010, le premier exportateur mondial.

- Malgré l’effet dépressif de l’entrée de la Chine sur le marché mondial, le secteur reste globalement bénéficiaire pendant toute la décennie. En 2008-2009, il contribuera, avec un dividende exceptionnel de 2 Milliards de dinars, à amortir totalement pour le citoyen tunisien l’effet du doublement passager des prix mondiaux des produits alimentaires (Blé, Soja, Sucre….)

- Une reprise du développement s’amorce, avec la mise en place d’un nouveau JV Tuniso-Indien (Premier importateur mondial de phosphates et d’engrais phosphatés) ,TIFERT, créée en 2006. C’est l’occasion de réaliser une unité de nouvelle génération technologique et environnementale (Doublement de la capacité unitaire d’une ligne, eau douce provenant intégralement du dessalement de l’eau de mer, récupération du Fluor, minimisation des rejets). Sa mise en production en 2011 devait permettre d’atteindre un taux de transformation de 100% du phosphate brut en composés phosphatés.

- En 2008, la révolte du Bassin minier sonne comme le signal d’alerte annonçant la révolution. Même si ses effets sur la production du secteur Phosphatier restent limités, son impact psychologique et physique sera immense à partir de 2011.

- En 2008, en parallèle avec la hausse des cours mondiaux des matières premières, une tentative de relance du Projet Sra-Ouertane, dans le cadre d’un appel à investisseur étranger, avec un cout estimé de 2.5 Milliard US$, voit dans une première étape une compétition serrée entre investisseurs Chinois, Indiens et Brésiliens. Puis le repli des prix voit le retrait de ces investisseurs potentiels.

- En 2010, la Production de Phosphate dépasse les 8 Millions de Tonnes.

Bilan de la période

• L’industrialisation de la filière

Le secteur Phosphatier Tunisien se transforme, d’exportateur de matières premières (85%) en exportateur de produits industriels (Objectif 100% en 2011): engrais phosphatés et azotés (MGA, DAP, TSP, AN), acide phosphorique défluoré décadmié pour l’alimentation animale, DCP (Aliment de bétail), STPP pour la production de détergents domestiques, explosifs civils (AN Poreux), fondant pour la métallurgie de l’aluminium (AlF).

• L’extension des réserves

Une politique dynamique d’exploration, combinée au passage de l’exploitation sous-terraine très sélective à l’exploitation à ciel ouvert, la découverte du gisement du Djérid aboutissent à un décuplement des réserves .Celles ci s’élèvent en 2014 à 1 Milliard 130 Millions de Tonnes de Phosphate en place, équivalent à 730 Millions de Tonnes de Phosphate marchand exploitable économiquement (Un siècle de réserves, alors que au début des années 70, les réserves étaient de l’ordre de la décennie).

• La modernisation de la filière

- Modernisation technologique. Dans les mines, la technique d’exploitation à ciel ouvert, fortement mécanisée est généralisée. Le traitement du minerai se fait par lavage et partiellement par flottation. Dans la chimie, la cogénération est généralisée et toute la filière est convertie à l’utilisation du phosphate humide, permettant un bond dans l’efficacité énergétique. L’osmose de l’eau saumâtre, puis de l’eau de mer est systématique à Skhirra. A la fin des années 80, deux usines, l’une de lavage de Phosphate à Redeyef, et l’autre de TSP à Mdilla, sont entièrement réalisées par les entreprises, sans recours à des sociétés internationales d’engineering et des contrats « clef en mains ». Des percées internationales sont réalisées, dans la flottation des minerais carbonatés et silicatés par la CPG, et dans la décadmiation de l’acide phosphorique par le GCT.

- Modernisation économique et commerciale. Le product- mix, marginalisant le Phosphate Brut et s’orientant uniquement vers les produits industriels n’a d’équivalent qu’aux USA, en Russie, en Chine, au Brésil et en Afrique duSud ; Tous les autres producteurs restent à des taux de phosphate Brut de l’ordre de 50% ou plus.

- Développement de la sous-traitance et développement des produits dérivés à Gabes, Sfax, Skhirra et Mdilla.

• La diversification géographique des pôles chimiques

- Elle permet d’amorcer l’industrialisation de zones à économie essentiellement primaire : Gabes, Skhirra, Gafsa.

• Un secteur majeur de l’économie Tunisienne

- Le GCT est de loin la première entreprise exportatrice de Tunisie. Le secteur pèse en 2010: 2% du PNB (C’est l’ordre de grandeur atteint par les très grands groupes industriels dans le monde développé), 10 % des exportations, 0.3 % des emplois mais 1% de la masse salariale nationale. Il était en 2010 un des grands créditeurs du Secteur bancaire (1 Milliard de dinars de Dépôts)

• Une contribution significative au développement régional

-Par la création de filiales (ICF, El Kimia).

-Par le développement de la sous traitance et l’externalisation.

-En distribuant un budget social annuel de 10 Millions de dinars dans les 3 gouvernorats de Gafsa, Gabes et Sfax, alimentant municipalités, clubs de football, et autres associations

• Des erreurs

- Environnementales. Il s’agit d’abord des implantations inappropriées d’usines chimiques, la NPK au coeur de Sfax et les ICM à Ghannouch au lieu de Zarat. La réalisation de décharges marines de Phosphogypse, quoique commune en Europe, au Maroc et en Afrique du Sud, est particulièrement inadaptée pour le Golfe de Gabes vue la profondeur limitée et la faiblesse des courants marins (Qui usuellement dissolvent intégralement le Phosphogypse).
- Le retard du passage à la chimie fine des phosphates. Le premier appel d’offres pour la création d’une unité d’Acide Technique remonte à 2005 et n’a toujours pas connu de concrétisation.
- Le cadre de gestion des entreprises publiques, rendu très bureaucratique au milieu des années 90, est particulièrement inapproprié pour des sociétés agissant essentiellement sur un marché international hyper compétitif.

• En conclusion

Un secteur qui est resté dans la course mondiale de la compétitivité jusqu’en 2010, industrialisé et moderne. Les parts de la Tunisie dans la production mondiale de Phosphate ont évolué comme suit :
-6.4% en 1956
-3.5% en 1970
-4.4% en2010
-1.7% en 2014

En 2010, la Tunisie était 5ème Producteur mondial de Phosphate Brut et d’engrais chimiques Phosphatés, après la Chine, les USA, le Maroc et la
Russie.

En 2015 elle a reculé à la 10ème place pour le Phosphate Brut, après la Jordanie, le Brésil, l’Egypte, le Pérou et l’Arabie Saoudite, et à la 9ème place pour les engrais phosphatés.

Les défis

• La protection de l’environnement

La situation est particulièrement critique à Gabes avec l’implantation des usines (Emissions gazeuses) au coeur de la zone d’activités socioéconomiques et le rejet du phosphogypse en mer. A Sfax le plan de fermeture du site est lié à l’entrée en production de la nouvelle usine de TSP de Mdilla. Pour les autres sites, la situation est considérée comme perfectible, mais acceptable.

• La relève des unités chimiques à l’horizon 2030-2040

La plupart des usines chimiques ont été construites dans la période 1970-1980-La relève d’ICM1/2/3, de SAEPA, de Skhirra1 et d’ICG1, soit au total 1.5 Millions de Tonnes de P2O5 devra se faire à cet horizon, pour un cout estimé entre 2 et 3 Milliards de $. La capacité du secteur à mobiliser de tels montants, en cas de poursuite de la situation actuelle de marche en sous capacité et de pertes financières importantes (Plus de 100 Million de Dinars par an) est très problématique.

• La crise sociale dans le bassin de Gafsa

Cette crise trouve son origine dans la sortie de la situation de plein emploi, qui était la règle dans le bassin minier au début des années 80, dans le cadre des opérations massives de préretraite. Depuis, la forte croissance démographique, la modicité des actions de développement pour compenser les pertes d’emploi, ont abouti à des taux de chômage de l’ordre de 50 % à Redevez et Moularès, et des chiffres sensiblement moindres à Metlaoui et Mdilla.

• L’actionnariat Public

Jusqu’en 2010, l’actionnariat public était une solution globalement confortable pour le secteur. L’avantage consistait dans le rôle médiateur de l’Etat dans les zones concernées, et le soutien financier: Garantie des crédits, Recapitalisation quand nécessaire. L’inconvénient résidait dans la prise de décisions à caractère politique, une grande rigidité et lourdeur dans la gestion et une politique sociale très généreuse.

Aujourd’hui, l’Etat ne joue plus ce rôle de médiateur, paralyse les entreprises dans le rôle citoyen qu’elles doivent jouer dans les régions où elles opèrent, et n’est plus en mesure d’apporter un soutien financier.

• Les difficultés financières en vue

En 2011 et 2012, le secteur était globalement bénéficiaire malgré une marche à 50% de sa capacité (En partie grâce a la consommation des stocks stratégiques de Phosphate). En 2013-2014, il a subi des pertes modérées (Inférieures à 100 Millions de Dinars par an). A partir de 2015, il commence à subir de lourdes pertes, en particulier dans un contexte de prix bas. Il aura probablement épuisé ses réserves financières à la fin 2018.

Conclusion: quatre grandes périodes

• La Tunisification (1955-1980)

-Longue

- Globalement Réussie.
- Mais lourdes pertes en termes de part de marché mondial, chutant de 6.4% en 1956 à 3.5% en 1980 (Moins bonne performance que le Maroc).

• La première modernisation post-seconde guerre mondiale (1975-1990)

- Remarquable modernisation Technologique, Economique et Managériale.
- Permet de reprendre légèrement des parts de marchés au niveau mondial.
- Mais laisse un secteur fragilisé sur le plan financier.

• La deuxième modernisation post-chute du mur de Berlin (1990-2010)

- Environnement: moyennement pris en compte (Emissions gazeuses. Fermeture des usines de Sfax)
- Entreprise citoyenne: rôle limité à des subventions.
- Gestion de type privé: en fait régression de l’autonomie du secteur.

Le système s’est figé et sclérosé. Le secteur phosphatier est géré par
l’Etat selon un mode rentier, préparant le terrain à la crise post 2011.

• La démocratisation (2011- …)

- Régression historique de la production (-60%) et lourdes pertes en termes de présence mondiale: la part de marché chute de 4.4 % à 1.7%, et le rang régresse de 5ème à 10ème mondial.
- Crise majeure sans précédent pour les Phosphates Tunisiens. Pronostic vital engagé.

• En conclusion, chaque période laisse un passif qui pèse sur la capacité à maitriser les défis de la période suivante. Fluctuat nec Mergitur. L’émergence n’est pas encore en vue.

Conférence de Kais Daly
Ancien Président du CPG et du Groupe Chimique
(Forum lecture critique, de l’Amicale des Anciens
Parlementaires Tunisiens le 30 Décembre 2016)

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