News - 25.09.2019

Taoufik Chamari: les leçons amères d’un scrutin

Taoufik  Chamari: Les leçons amères d’un scrutin

Le Docteur Zbidi juge, dans une déclaration récente, que la thérapie proposée par son ancien concurrent ne peut avoir que des effets secondaires néfastes sur certains soutiens dont il a bénéficiés.

Partant d’un constat arithmétique pour le moins évident (7,3+10,8=18,1), le candidat Zbidi à l’élection Présidentielle anticipée n’avait pas manqué de relever que la candidature de l’actuel Président du Gouvernement à cette même échéance, ne pouvait se justifier que pour le contrer personnellement puisque de fait, elle ne peut avoir un  impact important sur les autres candidats. Cette vision est partagée  par certains concurrents, surtout par les chefs de partis politiques, qui se sont désistés en sa faveur la veille du scrutin.

A cela, il faut rappeler la décision  d’un candidat potentiel qui a renoncé à se présenter pour mieux le soutenir d’autant que ce dernier  ne cache pas sa conviction que la candidature du Président du Gouvernement entre dans la même logique du lancement de son parti politique nouvellement créé et formé essentiellement de  ce qu’il n’a pas manqué de qualifier de «déserteurs» dans le but d’atomiser les partis politiques  de  ses anciens partenaires et cela en usant de ses pouvoirs pour offrir des avantages et, ainsi, satisfaire certains appétits.

Dès lors et pour ces derniers, le Président du gouvernement est considéré comme «faisant partie du problème» et de ce point de vue, l’appel lancé au candidat indépendant Zbidi dans le cadre des élections législatives alors que celui-ci n’est pas directement concerné par cette échéance, n’a pas été saisi comme «allant dans l’intérêt du Pays» mais par contre, comme une manœuvre non avouée pour créer une sorte de «zizanie» de nature à bénéficier des voix de  certains électeurs acquis aux partis qui ont appuyé le candidat Zbidi!

Ce genre de tiraillements ne peut que nous confirmer que les résultats de ce scrutin n’ont pas été perçus comme il se doit surtout que nous sommes devant une configuration qui,  pour un grand nombre de citoyens, ne fait pas «bon air» tant elle rend l’atmosphère pesante et parfois polluée au vu de certains échanges et d’accusations que l’on a constatés. En tout état de cause,  le fait que les scores soient  acquis avec moins de la moitié de la participation des électeurs inscrits, mérite d’être  relevé car si cela ne remet pas en cause les règles du jeu démocratique cela doit interpeller l’élu qui doit en tirer les conclusions appropriées.

Dans ce contexte, je voudrais reprendre  mon ami Moncef Ben Slimane au sujet de «voter utile c’est voter blanc» pour attirer l’attention que cette notion ne peut devenir effective et non problématique que si l’on crée des bulletins blancs sans cela on risque de voir  bon nombre de cette catégorie, ne pas aller voter.

Ceci, sans parler des contradictions surprenantes que l’on constate  comme, par exemple, celle qui a émané d’un responsable d’un parti politique pourtant respecté, qui s’est empressé d’appuyer l’un des deux candidats retenus au second tour pour ensuite  ajouter, lors d’une déclaration ultérieure, que le programme de ce dernier est irréalisable!

Pour ma part, je considère que bon nombre de ces polémiques n’auraient eu aucune raison d’être pour peu qu’on ait appliqué la constitution pour ce qui est de la vacance accordée à un chef de gouvernement. Mon appel paru sur votre journal le 23-08-2019 à la suite de la déclaration de notre amie la constitutionaliste Salsabil Klibi n’a pas eu de suite en raison de l’inexistence d’une cour constitutionnelle seule habilitée à se prononcer sur des anomalies de ce genre et ainsi de juger de la faute si elle se confirme. L’absence de réactions de certains de ses collègues ne peut que surprendre surtout pour l’un d’entre eux qui est directement concerné par cette échéance!

Dans le même état d’esprit, je citerais par exemple, le «coup de gueule» (ainsi qualifié par un journal de la place) du Président de l’ISIE et ce, le jour même des élections soit le Dimanche 15 à 13h, et qui appelait les citoyens réticents à aller voter! Pour bon nombre de citoyens, et c’est leur droit, le fait que celui-ci fasse cet appel avant cette date, cela ne pose aucun problème car cela peut entrer dans ses prérogatives, mais le faire à ce moment précis pourrait en créer, surtout si cela conduit à favoriser un candidat par rapport à un autre par les  votants qui se sont déplacés après ce «coup de gueule»; ce qui risque de se transformer, à leurs yeux, en un appel partisan déguisé, et de ce fait pourrait constituer une faute grave.

Là encore, l’absence d’une cour constitutionnelle est à même d’encourager certaines libertés dont on ne mesure pas  la portée et qui sont  de nature à créer  parfois, des situations où il devient difficile  de veiller à la bonne application de la constitution  ce qui nous conduit  à un Etat de droit à géométrie variable avec tous les risques que cela engendre!

Taoufik  Chamari
 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Skander SALLEMI - 25-09-2019 20:15

un très bel article cher Si Taoufik. nous sommes passé d'un prétendue Etat de droit ou l'Etat et ses agents censés veiller au respect du droit se permettent d’être au dessus des lois à un Etat ou le droit devient une arme utilisée par son porteur qui est parfois un homme au pouvoir ou des responsables des instances utilisant le droit en se disant la fin justifie les moyens. La loi et le pouvoir deviennent un moyen de règlement de compte qui plait à ceux qui profite de l'absence d'une cour constitutionnelle et d'autres garanties.

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