Blogs - 11.08.2016

Après l'attentat de Nice: le sursaut de la communauté musulmane de France

Pourquoi l’islam arabe génère-t-il autant de violence?

Avec les attentats de cet été à Saint Etienne-du-Rouvray, Nice, Wurtzbourg et Munich, c'est un nouveau palier qui a été franchi. Quatre attentats meurtriers également répartis entre la France et l’Allemagne en deux semaines, tous revendiqués par Daech. C’était leur façon de remercier la France d’abriter la plus importante communauté musulmane d’Europe et l’Allemagne d’avoir accueilli un million de réfugiés syriens sous les applaudissements et avec des bouquets de fleurs.
Surgi de nulle part, comme une génération spontanée, Daech s’inscrit dans une longue filiation de mouvements violents dont l’histoire arabe est si riche, à commencer par le mouvement des « hachachines » au XIe siècle jusqu’à Al Qaïda. Avec cette dernière, on avait cru atteindre les limites extrêmes de l’horreur et de l’inhumain. On se rend compte qu’il est encore possible d’aller plus loin dans cette voie. Daech, c’est la barbarie à l’état brut, c’est le culte de la mort, le fanatisme poussé à son paroxysme. Il est tout entier dans ce jeune terroriste à l’agonie qui, pressé d'aller au paradis qu'on lui avait promis, a réussi, dans un ultime sursaut, à se faire exploser pour provoquer le maximum de dégâts. De quoi vous faire regretter (presque) Ben Laden et Pol Pot.

Ses tueurs sont partout, en Syrie et en Irak, mais aussi dans les pays du Golfe à l’exception du Qatar, en Libye, en Tunisie, en Algérie, en Egypte, en Europe, aux Etats-Unis et surtout sur les sites électroniques. Il frappe là où on l’attend le moins, y compris dans des quartiers hautement sécurisées comme à Nice, profitant de la moindre déconcentration des forces de sécurité. En fait, Daech nous rappelle ces bactéries mutantes qui renforcent leur capacité de résistance aux antibiotiques au fur et à mesure de l’état d'avancement de la maladie. Grâce à la surmédiatisation de ses actes, il suscite même des vocations après chaque attentat.Comment un groupe terroriste constitué il y a à peine trois ou quatre ans est-il devenu puissant au point de narguer de grands pays comme les Etats unis ou la France sur leur territoire ?

Par leur angélisme qui confine à la naïveté, les pays occidentaux n'y ont pas peu contribué. Sans le moindre discernement, ils ont accordé le droit d'asile aux militants islamistes impliqués dans des actes de violence dans leurs pays et prêté le flanc à des imams extrêmistes qui ont eu ainsi le loisir pendant des années de radicaliser des milliers de jeunes. La ghettoïsation a fait le reste. La  ceinture rouge de Paris a viré au vert et des mini Kandahar ont poussé comme des champignons autour des grandes villes. Tout cela au nom du respect des droits de l'homme, mais aussi dans le but inavoué d'amadouer les extrêmistes. Le problème est que ces terroristes ont la fâcheuse tendance à mordre la main secourable qui leur est tendue.

En 18 mois, les Français ont été victimes de trois attentats particulièrement meurtriers, notamment celui de Nice qui a fait 85 morts. Aujourd’hui, il s’attaquent aux lieux de culte chrétiens. Une suprême provocation pour la fille aînée de l'église et une nouvelle illustration de la théorie du «chaos créateur».

A quelque chose, malheur est bon. C'est dans les épreuves que les nations se forgent. Pour la première fois, des musulmans ont pris part à des messes à la mémoire du curé de Saint Etienne-du-Rouvray. Des pétitions dont les signatataires condamnent l'attentat de Nice et se démarquent nettement des terroristes ont été lancées. Leur sentiment d'appartenance à la nation française en est sorti renforcé. Il était grand temps. Les musulmans sont présents sur le sol français depuis la guerre contre la Prusse en 1870. Cinq générations après et malgré le tribut du sang dont ils se sont acquittés sur tous les champs de Bataille à Vedun, Monte Cassino et en Indochine, ils sont toujours des immigrés et au mieux des Français d'origine...Ce qui est intolérable qu'on on sait que d'autres communautés arrivées longtemps après, comme les Portugais ou les Polonais se sont fondues totalement dans le melting pot français au terme de deux générations. Eux aussi ont subi l'exclusion et la stigmatisation avant de devenir des Français à part entière.

Il y a une quinzaine d'années, un livre était paru sur les musulmans de France qui avait pour titre «Ils feront de bons français». L'auteur constatait déjà l'existence d'«une beurgeoisie», une classe moyenne d'origine maghrébine née en France, instruite et se sentant parfaitement intégrée, mais dont on parlait si peu, parce qu'elle ne cadrait pas avec l'idée qu'on voulait donner de cette communauté. Les choses n'ont pas changé depuis. Il n'est pas question de minorer les difficultés que rencontrent les musulmans de France pour s'intégrer, mais sont-ils si sûrs d'avoit fait ce qu'il fallait pour s'adapter au mode de vie français et partager leurs valeurs ?

Il est un fait que les Français ont peur de l'islam. C'est un sentiment diffus qui traverse une très large partie de la société française. Plutôt que de crier à l'islamophobie, il faut faire preuve d'empathie. Le Français lambda n'est pas nécessairement un diplômé en sciences po.Tout ce qu'il sait, c'est qu'en un an, il y a eu 125 morts français, tous des victimes innocentes, et que des terroristes  égorgent et sèment la désolation partout dans le monde au nom de l'islam.

C'est aux musulmans de France et notamment à leurs élites de faire justice de toutes les simplifications, mais pas seulement. Ils sont mieux placés que quiconque, eux dont l'esprit s'est formé plus que leurs coreligionnnaires de la rive sud de la méditerranée au contact des écrits des philosophes des lumières et de la civilisation occidentale pour contribuer à la rénovation de la pensée islamique, aider l'islam à se débarrasser de ses scories et en particulier de cette propension au recours à la violence qu'on ne retrouve dans aucune autre religion et partant, contribuer à l'éclosion d'un islam français fraternel, tolérant et ouvert, dans la filiation de Mohamed Arkoun et Abdelwahab Meddeb.  Bref, ils ne peuvent pas faire indéfiniment l'économie d'un vrai débat sur l'islam. Mieux que les discours victimaires, ce serait la meilleure réponse à la fois aux terroristes islamistes et un démenti cinglant à ceux qui jouent sur la peur agitant sans cesse l'épouvantail du «Grand remplacement».

Hédi Béhi

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1 Commentaire
Les Commentaires
maltazrira - 15-08-2016 20:24

J'ai beaucoup apprécié la conclusion de votre exposé.

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