News - 12.02.2014

Adnan Mansar ou l'art de jeter de l'huile sur le feu

Le porte-parole de la présidence de la République, Adnan Mansar ne passe pas pour avoir la langue dans sa poche. Il en a administré la preuve ces derniers jours dans ses commentaires sur sa page  facebook en tirant sur tout ce qui bouge. Pour des raisons qui n'échappent à personne, sa verve, il l’exerce surtout  contre Nidaa Tounès. Après l’avoir accusé précédemment de blanchiment d’argent, il se réjouit de voir ce parti « retrouver son milieu naturel, la grande famille RCDiste», tout en ayant une pensée émue pour la gauche qui s’est ralliée à Nidaa Tounès : « ses jours dans ce parti sont comptés ». Le rapprochement entre Ennahdha et Nida évoque pour lui « un couple qui s’embrasse sur la place publique» , tandis que les propos modérés de Lotfi Zitoun lui rappellent ce vieux dicton «Ikbess Telka ma terkhef».

Est-ce la vocation d’un porte-parole du président de la République, censé être au dessus de la mêlée, de s’impliquer de cette façon dans la vie politique du pays? Mais le plus grave, ce ne sont  pas tant les propos de Manser que l’absence  de réaction de Moncef Marzouki. Peut-être apprécie-t-il l’humour caustique et le sens de la formule de son collaborateur, à moins qu’il ne l’ai chargé de dire tout haut ce que lui-même pense tout bas.

Avant la révolution, Mansar était inconnu au bataillon. Historien, spécialiste de l’histoire du mouvement national (à propos, comment a-t-il laissé passer cette bourde monumentale dans un récent communiqué de la présidence en confondant Ali Belhaouane et Hédi  Chaker), il s’était bien gardé de critiquer le régime déchu. Heureusement, le départ de Ben Ali l’a désinhibé. Il s’est  découvert comme d’autres révolutionnaires de la 25e heure, une vocation d’homme politique. Après trois ans de bons et loyaux services à la présidence, le voilà propulsé au rang de ministre. Les ors de la république valent bien le zèle dont il fait preuve aujourd’hui.  

Mustapha